lundi 12 juillet 2010

Défi n°33 : Des vacances en partage ...

~ Billet 499 ~

rouge, orangejaunevert, bleuindigoviolet.

Les Croqueurs de mots, avec à la barre, anni, pour le défi n°33, nous emmènent en vacances arc-en-ciel, pour donner à voir de toutes les couleurs.



J'avais le projet de vous relater une rencontre singulière de lointaines vacances, mais les contingences du quotidien ont déjà bien entamé ma journée. Aurai-je le temps d'aller jusqu'au bout ? Rien n'est moins sûr.


L'été 1970 avait commencé avec son lot de péripéties plus ou moins éreintantes. Le mot stress ne faisait pas encore partie du vocabulaire ambiant, mais si je l'avais connu, je l'aurais bien volontiers emprunté pour qualifier ce que nous venions de vivre. Ma sœur Lil plus que moi encore (non pas Jacotte, une autre de mes sœurs) était bien cabossée et je lui avais proposé de partir se mettre au vert dans ma 4L blanche à nouveau fringante.

Se promener au bord des torrents, se baigner dans l'eau du lac d'un bleu changeant, comme pour satisfaire toute la palette d'un peintre qui aurait posé là son chevalet. ...


Le soir habillait les montagnes de rose et de violet. Ce n'était pas le hasard qui avait nommé le sommet du lieu le Mont Rose. Et même la nuit, qui tombait plus tôt en août, faisait de son écrin indigo ruisseler le jaune pâle des étoiles filantes.
Fenêtres et balcons s'égayaient sous le géraniums du même rouge et blanc que ceux du drapeau suisse, ce drapeau qui, dans ce que j'en avais appris en Histoire, symbolisait une neutralité qui avait traversé les conflits du vingtième siècle la tête haute.
Une telle rencontre ne pouvait avoir lieu qu'ici. Dans cette pension de famille accueillante où l'hôtesse organisait l'espace de la salle à manger en réunissant les pensionnaires par tables de quatre ou six. C'est ainsi que nous avions fait connaissance d'un vieux couple d'Allemands venus par la train. Madame B avait un accent campagnard très prononcé que je ne comprenais absolument pas mais Monsieur Erich B parlait distinctement et assez lentement pour que nous puissions, repas après repas, dialoguer davantage. Ils avaient même accepté avec grand plaisir notre proposition de les emmener faire quelques excursions, puisqu'ils n'étaient pas motorisés sur place.
C'est ainsi que la veille de leur départ, tandis que le soir éclairait la nappe blanche de sa lumière orange, le vieux monsieur, les yeux embués de larmes, choisit méticuleusement ses mots pour nous dire sa honte d'avoir été allemand et adulte pendant toutes ces horreurs, me dire que le passé ne pouvait pas s'effacer, et nous demander, en leur nom et au nom de beaucoup d'allemands du moins le pensait-il
 pardon
Sa femme est décédée quelques années après, mais j'ai pu correspondre avec ce monsieur environ deux à trois fois par an jusqu'à son extrême vieillesse pendant plus de vingt cinq ans encore.


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